En France, les invendus non-alimentaires neufs représentent aujourd’hui une valeur marchande de 4 milliards d’euros. Près d’un tiers de ces produits neufs (cosmétiques, textiles, électroménagers…) sont détruits ou démantelés pour recyclage. C’est ce que dévoile l’étude « Gisements et causes des invendus non-alimentaires et leurs voies d’écoulement »* pilotée par L’ADEME avec l’Association du Don en Nature et Dons Solidaires, et en groupement avec Phenix Consulting, In Extenso Innovation Croissance, le Crédoc.
- Des enquêtes et entretiens réalisés auprès de 500 établissements et 70 acteurs metteurs en marchés, producteurs ou distributeurs des 12 principaux secteurs non-alimentaires mettent en évidence les principales causes de ces invendus parmi lesquelles les changements de gamme fréquents, l’obsolescence marketing associée aux produits saisonniers, des stratégies de surproduction…
- Livrant un état des lieux chiffré pour 2019, l’étude propose également des scénario prospectifs à 5 et 10 ans pour anticiper les tendances et mener une réflexion sur les combinaisons de solutions possibles dans la valorisation de ces invendus non-alimentaires.
- Alors que la destruction de ces produits sera interdite à partir du 31 décembre 2023 et dès le 1er janvier 2022 pour les produits couverts par un régime Responsabilité Elargie du Producteur REP, l’étude encourage les acteurs des filières concernées à prendre conscience des coûts et impacts pour agir et progresser vers l’émergence de nouveaux modèles.
Décryptage des points forts de l’étude dans cet article.
Quels volumes représentent les invendus non-alimentaires et comment éviter les causes des pertes et surplus ?
“ L’enjeu principal de cette étude est d’analyser les quantités, les causes et les voies d’écoulement des invendus non-alimentaires en France, pour lesquels les quelques chiffres disponibles dataient de 2014” explique Pierre Lebrun Directeur Engagements & Impact chez Phenix et contributeur de l’étude. “ Nous avons interrogé près de 600 metteurs en marché, des éco-organismes, des acteurs associatifs, des destockeurs, ainsi que des acteurs de la gestion des déchets.”
Pour les 12 familles de produits non alimentaires étudiées, les invendus représentent :
- 3% en moyenne du chiffre d’affaires des entreprises.
- une valeur marchande de plus de 4 milliards d’euros
- seulement 2/3 de ces produits sont « (ré)employés », c’est à dire revendus, donnés ou réparés en vue d’une remise en état de marche
- 1/3 de ces invendus termine détruit potentiellement démantelé pour le recyclage, incinéré, enfoui.
Les filières ou voies d’écoulement de ces invendus sont pour 42% du déstockage et pour 21 % du don. Face à ces chiffres Pierre Lebrun précise que « l’on observe que le don des invendus aux associations caritatives a nettement progressé ces dernières années, ce qui est très positif. Néanmoins, nous avons été confrontés à deux principales difficultés : s’accorder sur une définition partagée des invendus et collecter des données chiffrées sur les volumes concernés auprès des différents acteurs. Il y a des progrès à réaliser pour mieux suivre ces invendus, et mettre en œuvre les processus permettant de les réduire et d’éviter leur destruction.”
Pour en savoir plus sur les solutions n’hésitez pas à nous contacter !
Les causes de ces invendus non alimentaires révélées par l’étude sont :
- les changements de gamme fréquents
- l’obsolescence marketing associée aux produits saisonniers
- des stratégies de surproduction,
- une mauvaise anticipation de la demande
- des produits difficilement réparables (en cas de panne mineure) et le manque de filières pour les réparer
- des pratiques commerciales (satisfait ou remboursé, ventes en ligne avec retour gratuit) qui multiplient les retours de produits “neufs” mais souvent déconditionnés.)
“ Nous publions cette étude en pleine période de Black Friday où la notion de surconsommation est au cœur des enjeux avec une augmentation massive des ventes en ligne, autour du cyber monday. La multiplication des achats sans essayage, les retours produits facilités, les politiques commerciales d’échanges et retours gratuits ont pour conséquence une durée d’usage courte de ces produits. Il est difficile de savoir si ces produits retournés ne seront pas détruits car difficiles à remettre sur le marché… Ces pratiques peuvent favoriser des comportements d’achat qui ne sont pas forcément vertueux. De plus, ces retours ne sont pas toujours correctement décomptés des ventes, ce qui peut avoir un effet négatif sur la planification de la production.”
Quelles sont les obligations pour valoriser les invendus cosmétiques, textiles, électroménagers… ?
L’interdiction de destruction des invendus non alimentaires et l’obligation de leur “réemploi” entrera en vigueur le 1er janvier 2022 pour les produits déjà couverts par une filière à Responsabilité Elargie du Producteur (REP), comme les matelas et les équipements électriques et électroniques. Pour les autres secteurs, elle interviendra au plus tard le 31 décembre 2023. Poussés par la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), promulguée en février 2020, les acteurs auront donc obligation de trouver des solutions pour ne plus détruire ces produits non alimentaires. Ils devront non plus être mis en décharge ou incinérés mais donnés ou recyclés. Pour les produits dits de première nécessité il faudra impérativement privilégier le don et non le recyclage.
Quelles recommandations pour éviter les pertes des surplus non-alimentaires ?
“ Cette étude fait aujourd’hui référence au niveau national notamment par l’implication d’une grande variété d’acteurs. Une place importante a été réservée à la concertation (plus 70 entretiens, 2 comités partenaires réunissant une vingtaine de professionnels, d’experts et d’acteurs associatifs) » ajoute Pierre Lebrun. “Avec l’aide de ces acteurs, nous avons réalisé un exercice de prospective où nous nous sommes projetés à 5 et 10 ans pour recueillir leur vision des évolutions de ces enjeux : comment pourraient évoluer ces quantités d’invendus et l’utilisation des différentes voies d’écoulement ? Quels enjeux ces évolutions pourraient engendrer pour les acteurs ? Quels leviers mobiliser pour soutenir une trajectoire vers moins d’invendus et de destructions ?
Parmi les impacts attendus de la loi AGEC, l’étude cite les quatre points suivants :
- Augmentation du volume de produits donnés
- Hétérogénéité des dons et de leur qualité
- Développement de dons de petits volumes et complexification des schémas logistiques
- Émergence de nouveaux acteurs pour faciliter l’intermédiation des dons de produits non alimentaires.
Il en ressort une série de recommandations portée par l’ADEME, notamment :
- Faire évoluer le modèle d’offre des metteurs en marché qui aboutit intrinsèquement à des invendus
- Un meilleur suivi des invendus et de leur devenir est indispensable à mettre en place pour assurer plus de transparence sur les données collectées et les stratégies instaurées pour traiter les invendus
- En ce qui concerne l’évolution des voies d’écoulement, s’inspirer des retours d’expériences positifs sur l’alimentaire concernant la qualité
L’étude met en évidence que les obligations légales en termes de non destruction des produits non-alimentaires, ainsi que les conditions fiscales, juridiques et réglementaires de la mise en place du don vers les associations sont très peu connues des acteurs professionnels.
Les enjeux des pertes au niveau des produits non-alimentaires se rapprochent des problématiques des invendus alimentaires. La gestion des invendus non-alimentaires pourrait suivre la même tendance de réduction des pertes grâce au renforcement des obligations et une prise de conscience des acteurs.
Vous souhaitez en savoir plus sur les démarches possibles n’hésitez pas à contacter notre équipe.
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*Etude Gisements et causes des invendus non-alimentaires et leurs voies d’écoulement – 158 pages 2021 – Auteurs : ADEME, In Extenso Innovation Croissance, Phenix Consulting, le Crédoc, avec l’Association du Don en Nature et Dons Solidaires. Cet ouvrage est disponible en ligne sur la librairie de l’ADEME
Pour aller plus loin
Certains industriels ont engagé une démarche efficace de valorisation des invendus non-alimentaires pour agir concrètement contre le gaspillage. Retrouvez le partage d’expérience de Séverine Roullet-Furnemont Directrice RSE Développement Durable Green Mission chez Pierre Fabre, un partenaire accompagné par Phenix.
Photo d’entête : montage Phenix à partir de mock up GraphicBurger (forgraphic™, Mockup Cloud, Ash Flint)